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Le batau fantôme
Le yacht-club d'Antibes organise chaque année une très célèbre course-croisière.
La Croisière bleue.
Bien sur, c'est pas fait pour les barcasses et autres pointus de la rade : regardez ici !
Donc, cette croisière est organisée chaque année, fin mai : route Antibes, Calvi et retour sur Antibes – ou ailleurs !
Et chaque année, la marine met à disposition de cette course un de ses fiers navires.
Sécurité oblige.
On ne sait jamais.
B.O. ORIGNY, 1972.
Cette année là, L' ORIGNY, dragueur océanique reconverti en navire océanographique, mais encore bateau gris (M672) avait été désigné pour accompagner cette course.
Appareillage et route sur Calvi.
C'est peu avant notre arrivée à Calvi que nous avons croisé les derniers de la course qui faisaient déjà route sur le continent : notre respectable bateau était un peu vieux, ses pitches quelquefois un peu défaillants, mais, vaille que vaille, on taillait la route !
Les gens sont tout de même braves et pleins d'attention : l'organisateur de la course nous attendait sur le quai, à Calvi, et, pour laisser reposer notre mécanique, il eut l'excellente idée d'inviter le commandant à déjeuner dans le meilleur restaurant de la ville.
Ce sont là des occasions qui ne se ratent pas : aussitôt dit, aussitôt fait, le fier navire au mouillage en rade, le zodiac à l' eau, et hop, voilà le Pacha et quelques "midships" P.O. en route vers ce lieu de délices !
J'en étais.
Imaginez ! Nous retrouver là !
Bien sur, tout le monde vous dira que l'on mange très bien à bord de nos navires, mais l' Origny, navire amiral de la flotte océanographique n'était pas navire amiral tout court, ses couverts auraient bien eu besoin d'un bon réargentage, on y buvait surtout du cambusard.
Bien sur, un maître d'hôtel assurait le service … mais difficile de trouver plus crade !
Bien sur, au carré des officiers, nappe blanche, mais imaginez le matin, au petit déjeuner, la débandade des cafards lorsque le premier arrivant levait la corbeille à pain ! (en argent).
Nous voilà donc installés dans la grande salle à manger, ça devait être vers la citadelle; une immense baie vitrée s'ouvrait sur la rade, et, au milieu, notre superbe bateau !
50 mètres, en baie de Calvi, ça se remarque !
La grande vie, quoi !
Je ne me souviens plus très bien du repas – sauf qu'il fut féerique : charcuterie évidemment corse (les porcs ne venaient pas encore du continent), fromages secs dans l'huile, à trous – et habitants, etc …
Seul petit bémol : le Commandant et sa cour (nous !) tournaient le dos à la baie – mais qu'importe ! La mer, nous la voyions assez comme ça !
Le repas s'achevait, et les conversations allaient bon train, très, très bon train – il faut dire aussi que là bas, ils ont un petit vin certes un peu râpeux  … mais très ensoleillé, comme on dit dans le midi !
Notre Pacha était rubicond (un euphémisme !) et nous, probablement un peu pompettes.
Et c'est alors que notre hôte prononça la phrase qui tue, agrémentée d'un bel accent antibois :
" Mais, Commandant, je croyais que le Capitaine d'un navire ne devait jamais quitter son bord …"
Et notre Tonton de s'esclaffer : "ce sont là des racontars, il suffit de laisser à bord un personnel compétent et responsable, etc, etc …"
Et le Chef de terminer par un superbe : " Et puis, que voulez – vous qu'il arrive ? Il ne va tout de même pas s'envoler tout seul !"
Paroles accompagnées d'un geste du bras ample, large, vers la baie vitrée située derrière lui.
Et là, stupeur ! Plus de bateau ! La rade : vide ! Le navire, envolé !!!
Et à l'époque, pas de portables, pas de talkies à bord ! Silence radio.
Fin de repas morose et bredouillante !
Puis descente vers le port … Mais, dès les premiers pas, la première ruelle franchie, nous le retrouvâmes notre bateau, certes mouillé un peu plus vers le large, mais bien là, tirant sur ses ancres comme une corvette !
Ouf !
Explication : pendant nos agapes, un petit vent s'était levé, et le bateau s'était mis à chasser sur ses ancres … risquant de se retrouver à la côte : le fond est dur en baie de Calvi, et les ancres ne tiennent pas facilement.
L' officier en second qui assurait la sécurité à bord avait donc fait relever pour mouiller un peu plus loin, là où les fonds étaient un peu plus vaseux.
Et il avait suffi d'un petit pan de la muraille de la citadelle pour nous le cacher, pour qu'il disparaisse de notre vue.

  
Anecdotes : les copains