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Indiana Jack, le grand safari.
    Longues-pattes était devenu une légende au pays Lobi ! Fallait le voir, en tenue de grand broussard, sa célèbre et infaillible "mannlicher" à la main, accompagné de son fidèle "Le Chien", une espèce de molosse jaunâtre, haut sur pattes, la lippe pendante et dégoulinante, aux crocs impressionnants mi hyène, mi chien, mi chacal et mi léopard, un affreux, un méchant craint de tous les africains des lieues à la ronde – mais aussi, quel chasseur fabuleux !

Longues-pattes, donc, progressait en tête de sa colonne vers le village de Fakhalé lorsqu' une délégation de chasseurs lobis vint à sa rencontre : depuis des lunes, une lièvre énorme, grosse comme un phaco – un petit phaco - comme on n' en a jamais vu – même du côté de Marseille – narguait les fiers guerriers de la tribu : chaque soir, elle provoquait les chiens du village, entraînait à sa suite cette cohorte hurlante dans une course folle au fin-fond de la brousse, les narguait par une série de crochets, de pointes, de volte-face … pour enfin revenir à proximité du village, dans une clairière de coupe où là, chaque soir, elle disparaissait mystérieusement, comme par enchantement !

Bouboudiaouf lui-même, le sorcier, n' avait pu trouver d'explication rationnelle à cet enchantement !!

Indiana Jack étant enfin arrivé, on allait assurément connaître l' explication de cette sorcellerie, et s' offrir un bon petit civet – ou plutôt, un pâté car la "mannlicher" , avec ses balles blindées, pour un buffle … OK, mais pour une lièvre …..

Dès le premier soir, "Le Chien" débusqua la bête et fila tout droit derrière elle, lui collant aux basques, sans se laisser distraire par ses feintes et ses crochets …. Mais il ne fit pas mieux que les autres, et c' est après un immense détour que la bête diabolique revint se perdre, comme à l' habitube, dans cette satanée clairière de coupe !

Et il en fut ainsi pendant plusieurs lunes – si bien que notre ami Jacky voyait peu à peu ternir son auréole de grand chasseur blanc !

Il décida un soir d' en avoir le cœur net, et, au lieu de suivre "Le Chien" dans sa course folle, il fit, ce qu' il aurait d' ailleurs dû faire depuis longtemps : il se posta en lisière de la clairière, caché par une touffe de pissenlits glauques (quoi ? ça n' existe pas ? Mais si, ça existe !) et guetta le retour de l' équipée sauvage.

Et c' est là qu' à la nuit tombante, il vit débouler l' "extraterrestre", à l' issue d' une course folle, et, au beau milieu de la clairière, le lièvre fit alors un bon gigantesque …. Mais il ne retomba pas !! " Le Chien", arrivé sur ces entrefaites, tourna, vira, renifla, mais ne put jamais recoller à la piste ! Jack s' approcha alors de l' endroit où avait disparu la "bête", au voisinage du tronc d' un énorme palétuvier rose sectionné par la foudre à environ cinq pieds du sol (quoi, ya pas de palétuviers à Fakhalé ? Et en plus, ils ne sont pas roses ? Oh là, mais vous commencez à me courir sur le haricot ! Et si j' ai envie, moi, qu' il y ait des palétuviers à Fakhalé et qu' ils soient roses, c' est pas vous qui m' en empêcherez !) donc, Jack s' approcha du tronc en examinant le sol, et, son regard remontant le long du tronc, que vit-il, à la cassure, juste au niveau de ses yeux, là où de jeunes rejets formaient déjà une espèce de buisson touffu ? Vous voudriez bien le savoir ! Eh bien, comme vous ne devineriez jamais, je vous le dis : il y avait là "la lièvre", les oreilles plaquées au corps, le museau enfoui dans la végétation, quasi invisible !

Depuis des jours et des jours, cet animal terminait donc sa course par un saut olympique qui le mettait à l' abri de la chasse, à cinq pas du sol, dans une fourche de l' arbre où personne n' avait jamais songé à l' y rechercher !

Le sort s' acharnait sur la battue : la chasse venait de fermer (quoi, ça ferme pas en Afrique ? Alors là, ça suffit, je fais et je dis ce que je veux !) et notre ami Jack avait laissé sa carabine au bivouac ! Il se baissa alors doucement, ramassa un rondin qui traînai là … mais la lièvre était diabolique, elle anticipa le geste meurtrier du grand chasseur blanc et s' échappa une fois de plus, suivie par "Le Chien" hurlant et bavant !
Celui – ci revint quelques heures plus tard, penaud, gémissant, la langue pendante, le fouet trainant … mais sans la lièvre, que plus jamais on ne revit au pays Lobi.

D' après Pergaud, "Le lièvre fantôme". Relisez Pergaud, c' est un peu démodé, mais ....